Une dynamique commune au service de la reproductibilité
Porté par l’Inserm, le programme LORIER vise à promouvoir une recherche éthique et responsable. Il aborde la question des pratiques scientifiques dans une perspective large, en incluant des enjeux comme l’intégrité, la transparence, la déontologie, le développement durable mais aussi la reproductibilité de la recherche. En effet, la reproductibilité est un élément clé d’une recherche éthique, rigoureuse et responsable. Elle permet aux connaissances produites d’être comprises, vérifiées, partagées et réutilisées de manière fiable par d’autres, dans une logique de transparence et de progrès collectif. Mais la reproductibilité ne se limite pas à cette exigence technique : elle est aussi essentielle pour que la science reste crédible et capable d’éclairer les décisions, qu’elles soient prises à l’échelle des politiques publiques ou dans le cadre de choix individuels, comme en médecine.
C’est pourquoi nous souhaitons mettre en lumière, dans cet édito, le Réseau Français de la Recherche Reproductible (RFRR). Ce collectif interdisciplinaire réunit aujourd’hui environ 330 membres aux profils variés, issus d’une vingtaine de disciplines scientifiques. Leur objectif commun est d’encourager et de faciliter la mise en œuvre de pratiques de recherche plus reproductibles et adaptées au contexte français.
Le RFRR ne travaille pas en vase clos. Il s’inscrit dans un mouvement international en pleine expansion, porté par des réseaux similaires à travers le monde. Au Royaume-Uni, le UK Reproducibility Network (UKRN) a vu le jour en 2018, à la suite d’une série de rencontres initiées dès 2015 entre chercheurs et organismes de financement préoccupés par la reproductibilité de la recherche biomédicale. Le réseau s’est rapidement développé. En 2021, le UKRN a obtenu un financement majeur de 4,5 millions de livres de Research England, assurant sa stabilité pour cinq ans. D’autres réseaux ont suivi, comme le German Reproducibility Network en Allemagne ou le SwissRN en Suisse. Tous partagent une ambition commune : aider à transformer durablement les pratiques de la recherche grâce à des actions concrètes, des outils adaptés aux réalités du terrain, et des relais engagés dans les institutions. Le RFRR, formellement créé en 2023, s’inscrit pleinement dans cette dynamique, avec une approche tournée vers les réalités du système de recherche français.
Le programme LORIER, quant à lui, s’adresse notamment aux personnels de l’Inserm, et se concentre sur la recherche en santé. Cette orientation en fait un terrain d’expérimentation idéal pour appliquer les principes de la recherche reproductible à un champ aux enjeux majeurs, tant sur le plan scientifique que sociétal.
C’est donc naturellement que LORIER et le RFRR lancent des actions communes. Parmi elles, une série de webinaires est organisée pour les ambassadrices et ambassadeurs de la reproductibilité et de la méta-recherche LORIER. Soutenue par les consortiums OSIRIS, SHARE-CTD et RestoRes, cette initiative vise à créer un espace d’échange, de formation et de sensibilisation. L’objectif : faire circuler les idées, partager des retours d’expérience, renforcer les compétences, et construire des ponts entre les communautés de recherche.
LORIER et le RFRR souhaitent ainsi contribuer à une culture scientifique plus exigeante, plus ouverte et plus responsable. La recherche reproductible n’est pas une fin en soi : c’est un outil essentiel pour renforcer la fiabilité de la science et nourrir la confiance dans ses résultats.
Florian Naudet : Institut de recherche en santé, environnement et travail (IRSET), Inserm, Université de Rennes et
Celine Acary Robert : Laboratoire Jean Kuntzann (LJK), INRIA, Université de Grenoble-Alpes