L’édito de mai 2024

En mai, fais ce qu’il te plait : deux éditos sur les préoccupations écologiques et sociétales 

Transition écologique et sociétale : entre orientation et éco-conception de la recherche

Au travers de son contrat d’objectifs de moyens et de performance ainsi que dans son plan de sobriété et d’exemplarité, l’Inserm a commencé à s’engager officiellement en 2022 sur la voie de sa transition écologique pour accélérer en 2023, en créant une cellule Transition écologique et sociétale ainsi qu’en lançant une démarche de responsabilité sociétale à l’Institut embarquant 15 sites pilotes fin 2023. Si l’Inserm structure sa démarche de transformation écologique dans son fonctionnement, l’attente de la société et la responsabilité de l’Institut a été mise en exergue vis-à-vis des enjeux de santé publique associés au changement climatique.

Confortant cette analyse, le dernier rapport de la Cour des comptes du 12 mars 2024, centré sur l’adaptation au changement climatique, encourage directement la recherche en santé à se saisir de cet enjeu, notamment au travers de l’agence de programme consacrée à la santé et portée par l’Inserm.

En parallèle, l’Inserm –  via l’Institut thématique de Santé publique –  a lancé en 2023 un programme d’impulsion « Changement climatique et santé ». Ce programme ambitieux a pour objectif d’impulser une dynamique, de mettre en réseau des équipes et des expertises à l’Inserm sur ce thème afin de pouvoir répondre ultérieurement à des projets nationaux, européens et internationaux de plus grande ampleur.

Ces évolutions des orientations de la recherche dépendent à la fois de l’État, de l’Inserm, de la nouvelle agence de programme de recherche en santé ainsi que de la volonté des communautés scientifiques d’orienter leurs sujets de recherche vers cet objet. Cette réflexion concernant de nouveaux thèmes de recherche – notamment adaptatives dans le domaine de la santé – est centrale et ouvre des horizons aux scientifiques de l’Inserm, encouragés à se saisir de cette thématique pour proposer de nouveaux projets.

Si les orientations évoluent, les pratiques peuvent et doivent également évoluer. Éco-concevoir sa recherche permet, à la fois, de réduire ses impacts sur le climat, la biodiversité et les ressources, ainsi que d’adopter une attitude préventive en adaptant, dans la mesure du possible, les pratiques en laboratoire. Si cette démarche d’éco-conception peut être incitée par l’Institut, son plein potentiel réside dans son appropriation par les laboratoires. Ainsi, fort d’une communauté scientifique relativement engagée et sensible à ce sujet, des agents de l’Inserm s’investissent déjà sur cette question en s’impliquant dans le « Réseau Transition écologique et sociétale » de l’Institut et en réalisant le bilan carbone de leurs laboratoires, afin de mieux comprendre leur impact et pouvoir transformer leurs pratiques. L’Institut encourage l’ensemble de ses laboratoires à utiliser l’outil GES 1.5, créé et mis à disposition gratuitement par le collectif de chercheuses et de chercheurs du monde académique, toutes disciplines confondues : Labos 1point5.

Dans cette dynamique, l’évaluation des projets de recherche des chercheuses et chercheurs recouvre une dimension clef pour amorcer la transition écologique, à la fois des orientations et de l’éco-conception de la recherche en santé.

Matthieu Thépin, chargé de mission Transition écologique et sociétale à l’Inserm

 

Vers une science durable ? Quelques pistes…

La politique d’éco-responsabilité s’inscrit dans le cadre international des objectifs de développement durable définis par l’ONU et l’Agenda 2030. En France, le référentiel développement durable et responsabilité sociétale permet aux établissements publics de construire et évaluer leurs démarches.

Les actions à mener dans les laboratoires sont multiples. La mise en place de réseaux de référents dans les établissements permet de coordonner les groupes de travail dans les laboratoires, et la communication est un outil essentiel pour emporter l’adhésion de tous.

Des outils comme GES 1point5 ou Objectifs et trajectoires bas-carbone dans l’ESR aident les laboratoires à établir leur bilan GES. Car l’objectif neutralité carbone 2050 passe par une réduction drastique des émissions à laquelle la recherche ne peut se soustraire. Aujourd’hui, si beaucoup de laboratoires ont déjà effectué leur premier bilan GES, peu ont mis en place une politique de réduction. Réduire, c’est aborder la sobriété en recherche, la « slow science » et l’éthique environnementale sous l’angle des questions telles que : « Doit-on continuer à faire certaines recherches ? Quel usage pour nos découvertes ? ».

Si intégrité scientifique et science ouverte sont des mots-clés lors des évaluations, l’éthique environnementale est encore peu abordée. Dans un contexte international compétitif, où classement et évaluation sont la norme, il faut espérer que le bouillonnement qui agite la recherche française se généralise car, si des plans de réduction des émissions existent dans beaucoup d’universités à l’étranger, l’écoresponsabilité dans la recherche y semble plus sporadique. Demain, il faudra l’appui de toutes nos tutelles unies pour permettre à la recherche de franchir le pas de la transition environnementale et éthique qui l’accompagne.

Carine Marinach, membre du GT développement durable et transition environnementale de Sorbonne Université, référente TES Inserm et GreenLab à CIMI-Paris

Mise à jour le 02/05/2024.
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