La Lettre des Actualités LORIER – Novembre 2024

L’édito de novembre 2024

 

Déclaration d’Helsinki : une version profondément modifiée en 2024

Une nouvelle révision de la Déclaration d’Helsinki qui définit les principes éthiques pour la recherche médicale impliquant des participants humains, a été adoptée lors de l’assemblée générale de l’Association Médicale Mondiale (AMM) à Helsinki en octobre 2024. La révision précédente datait de 2013. Cette nouvelle version résulte d’un long processus de révision (30 mois), approfondi et inclusif, impliquant de nombreux groupes de travail et de multiples réunions internationales sur des thèmes spécifiques (par exemple : Groupes spécifiques et particulièrement vulnérables ou Nouveaux modèles d’essais cliniques).

Ce texte marque une évolution importante dans les standards éthiques de la recherche médicale, évolution qui répond aux évolutions sociétales récentes. Résumer en quelques lignes l’ensemble des modifications parfois subtiles apportées à la version de 2013 serait bien sûr présomptueux et je tenterai simplement de mettre en exergue certaines de ces modifications.

L’une des grandes nouveautés de cette révision est le rôle central donné aux participants à la recherche. Dès le titre, une modification majeure intervient avec le remplacement du terme « subjects » par le terme « participants ». Il est indiqué qu’un engagement significatif avec les participants et leurs communautés doit intervenir avant, pendant et après la recherche médicale. Les chercheurs doivent permettre aux participants et à leurs communautés de participer à la conception et à la mise en œuvre de la recherche et de s’engager dans la diffusion des résultats. Une importance accrue est donnée aux droits et à la dignité des participants, surtout en matière de consentement, de respect et de protection des populations ayant une vulnérabilité particulière. Elle demande la prise en compte du besoin d’une inclusion juste et équitable de ces groupes, tout en respectant leurs besoins spécifiques de santé.

Au-delà des classiques risques de la recherche, la notion de « fardeau de la recherche » est introduite. Des mesures pour réduire risques et fardeau de la recherche doivent être mises en œuvre avant de débuter une recherche, et surveillées, évaluées et documentées en permanence par le chercheur. Les inconvénients de l’exclusion de la recherche médicale de certains individus, groupes ou populations vulnérables doivent être aussi pris en compte et mis en balance par rapport aux inconvénients de l’inclusion dans une recherche pour ces populations.

Cette nouvelle version rappelle aussi que l’intégrité scientifique est essentielle dans la conduite de la recherche médicale impliquant des participants humains. Les personnes, équipes et organisations impliquées ne doivent jamais commettre d’inconduite ou « misconduct » en matière de recherche. Elle précise que la conception et l’exécution de la recherche doivent être scientifiquement fondées et rigoureuses, et susceptibles de produire des connaissances fiables, valides et utiles, afin d’éviter le gaspillage de ressources. Elle rappelle également que la recherche médicale doit être conçue et menée de manière à éviter ou à minimiser les dommages causés à l’environnement et en s’efforçant d’assurer la durabilité de l’environnement.

Enfin cette nouvelle déclaration étend les recommandations émises non plus aux seuls médecins mais aussi aux autres chercheurs non médecins. Bien que la déclaration soit adoptée par les médecins, l’AMM considère que ces principes doivent être respectés par toutes les personnes, équipes et organisations impliquées dans la recherche médicale.

Philippe Ravaud, directeur du programme LORIER

 

Références :

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Le prochain RDV LORIER

Mardi 19 novembre 2024

Comment CoARA permet d’améliorer notre évaluation des pratiques de recherche ? 
Marion Cipriano et Mickaël Ménager

Marion Cipriano est ingénieure agronome et titulaire d’un doctorat en socio-anthropologie. Depuis une dizaine d’années, son intérêt pour la recherche en santé et pour les interactions entre la recherche et la décision l’a menée vers l’IReSP, l’Institut pour la recherche en santé publique, puis à l’Expertise collective de l’Inserm et, aujourd’hui, à diriger le département de l’évaluation de l’Institut.

Mickaël Ménager est titulaire d’un doctorat en Immunologie. Après une thèse sur les maladies génétiques rares dans l’unité du Pr Alain Fischer, Mickael rejoint le laboratoire du Pr Dan Littman pour un postdoctorat sur l’étude du virus du Sida. Lauréat du programme ATIP-Avenir, Mickaël revient en France pour monter son propre groupe de recherche au sein de l’institut Imagine, unité Inserm UMR 1163. Il devient chercheur à l’Inserm, en 2017. Depuis 2022, il est membre de la commission CSS2 de l’Inserm et depuis le 1er Novembre 2023,  Vice-Président délégué à la Science Ouverte dans l’équipe de direction de l’université Paris Cité. A ce titre, Mickaël anime actuellement plusieurs groupes de travail pour la définition et la mise en action d’un plan concernant CoARA.

A l’occasion de ce webinaire, Marion Cipriano abordera les principes d’une évaluation déontologique et de qualité à l’Inserm, et les outils associés. Elle exposera également les enjeux de cette évaluation scientifique et les principaux dispositifs mis en place à l’Institut pour y répondre.

Ainsi, elle présentera le chapitre national français de la Coalition pour l’avancement de l’évaluation de la recherche (CoARA) dans ses déclinaisons internationale et nationale, et comment cette coalition, dont l’Inserm est membre, contribue à améliorer les pratiques d’évaluation à l’Inserm et au-delà.

Au cours de ce webinaire, Mickaël Ménager rendra aussi compte de son expérience en commission.

Vous pouvez, dès à présent, soumettre vos questions à Marion et Mickaël en les envoyant à lorier@inserm.fr

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Quoi de neuf ?

 

L’insoutenable croissance de la pression à la publication

Les scientifiques sont de plus en plus submergés par le volume d’articles publiés. Dans cet article, les auteurs proposent une mise en lumière de ce phénomène par différentes mesures, afin d’illustrer qu’il n’est tout simplement pas soutenable, avant de discuter plusieurs pistes de solutions.

Ghislaine Filliatreau

 

A quand la médiation en recherche assistée par IA ?

La synthèse d’opinions divergentes générée par un chabot assisté par intelligence artificielle (IA) serait légèrement préférée à celle de médiateurs humains, selon une étude récente publiée dans Science. Le système, baptisé Machine Habermas en référence au philosophe, aiderait les personnes ayant des points de vue divergents à trouver des terrains d’entente de façon plus efficace notamment en termes de temps. A noter que la résolution des divergences est basée sur l’énoncé clair argumenté par les participants de leur point de vue respectif, un principe qui rappelle l’importance de la communication pour éviter les conflits interpersonnels, comme nous le rappelait récemment Nathalie Théret, la médiatrice – bien réelle – de l’Inserm.

Catherine Coirault

 

Mois de la Science Ouverte 2024 à Nantes

Entre le 4 et le 30 novembre, le département Appui à la recherche du SCD de Nantes université organise avec l’appui des membres du Comité technique science ouverte de Nantes Université, un “Mois de la science ouverte”, en prolongement de la semaine internationale du Libre Accès.
L’ensemble du programme est accessible ici : https://bu.univ-nantes.fr/science-ouverte/mois-de-la-science-ouverte-2024
L’inscription est ouverte à toutes et tous via le lien suivant : https://inscription.univ-nantes.fr/events/moisSO2024/

Les ateliers sont de courte durée, pour la plupart en visio. Ils regroupent des retours d’expérience, séminaires et tables rondes, prise en main des outils, sur tous les objets de la science ouverte, publications, données et codes. Ce “Mois de la science ouverte” est l’occasion pour chacun de prendre un peu de temps pour s’initier aux outils et notions de la science ouverte, poser des questions et échanger.

Catherine Chevalier

 

La recherche sur la recherche

Vous voulez en savoir plus sur la recherche sur la recherche ? cet article de John Ioannidis explique en quoi cette discipline scientifique récente est importante pour différencier les biais des effets réels, améliorer la reproductibilité et la qualité de la recherche. A travers des analyses et des recommandations, la recherche sur la recherche vise à améliorer la façon de concevoir, de mener, de rapporter, d’évaluer, de diffuser, de récompenser et de corriger la science. L’article explique bien que la recherche sur la recherche est une facette à part entière de la recherche. Et pour participer à la recherche sur la recherche, n’hésitez pas à vous inscrire pour venir à la journée ambassadeurs LORIER le 13 novembre prochain.

Catherine Coirault

 

C’est reparti pour l’International Open Access Week !

Cette année encore, le thème de la semaine du libre accès est centré sur un appel à placer « la communauté avant la commercialisation ». L’objectif reste de promouvoir les approches de savoir ouvert, au profit du public et de la communauté universitaire, avec la volonté de transformer les recommandations en action collective. La semaine se tiendra du 21 au 27 octobre 2024, partout en France. Pour de plus amples informations, n’hésitez pas à visiter le site dédié à l’évènement ou à suivre le hashtag #OAWeek.

Catherine Coirault

 

Le MOOC Qualité en Recherche : intégrer une culture qualité dans son quotidien

Un outil pédagogique inter-établissements, co-construit avec 18 partenaires de l’ESR, Le MOOC « Qualité en recherche » est le fruit d’une collaboration inédite de 50 experts et expertes du monde de l’ESR, dont la mission qualité de l’Inserm.
La brochure de présentation du MOOC est ici.
Découvrez le MOOC « Qualité en Recherche » en vidéo et inscrivez-vous gratuitement. Les inscriptions sont ouvertes du 02 septembre 2024 au 31 janvier 2025.

Catherine Chevalier 

 

L’impact de la science ouverte sur la qualité et la reproductibilité de la recherche

Dans un article récent, N. Brown dresse un bilan mitigé des conséquences et limites du mouvement de la science ouverte de ces 10 dernières années. Des  progrès sont notables dans au moins deux domaines : la mise à disposition d’outils tels que Open Science Framework et la sensibilisation des scientifiques à mener des recherche de façon transparente comme expliqué par R. Markdown. Mais, toujours selon N. Brown, le chemin reste long et incertain pour la mise en application concrète de déclarations d’intention vertueuses, la principale difficulté étant que ces changements de pratique nécessitent des efforts synergiques des personnels de recherche, des éditeurs et des institutions. Travailler ensemble pour rendre concrète la science ouverte, c’est aussi cela la raison d’être du programme LORIER !

Catherine Coirault 

 

Une actualité LORIER : inscrivez-vous avant le 1er novembre à notre Journée des Ambassadeurs

LORIER organise la première Journée des Ambassadeurs et Ambassadrices en « Recherche sur la recherche et Reproductibilité », qui se déroulera le 13 novembre à Paris. Nous avons concocté un programme que nous espérons être le plus enrichissant possible. Date limite d’inscription le 1er novembre :  n’hésitez pas à vous inscrire en cliquant sur ce lien.

Ioana Andreescu

 

Résultats de recherche négatifs : jouons à qui perd, gagne !

La science avance par essais et erreurs et il est donc important que la communauté scientifique ait connaissance aussi bien des résultats “positifs” que des résultats “négatifs”. Dans cet  article récent paru dans la revue Nature, vous en apprendrez plus sur les différentes initiatives permettant de faciliter la publication des résultats négatifs. Alors, bonne lecture positive de cet article qui nous parle à tous !

Florian Naudet 

Mise à jour le 14/03/2025.
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